Les automates, jamais fatigués
occupent les postes des ouvriers
C’est pour votre bien, allez à la plage
disait-on pour calmer leur rage
ils n’y sont jamais allés
car ils ne pouvaient plus se le payer

Amélia

Elle utilisait son grand bras pour se protéger du vent,
Mais pour protéger quoi?
Elle n’était que ferraille
Sans autre but
Qu’elle.

– J’en peux plus de cette vie… Hier, ils étaient une dizaine, ils se sont relayés à me balancer des boulets de canon dans le bide pendant une heure et demie. J’ai beau avoir la paroi souple, à la longue, c’est douloureux. Et c’est humiliant.
– Tu parles d’humiliation ? Moi c’est carrément dans le pif ! Et les plus grands se suspendent parfois à ma narine, ça fait un mal de chien. Aucune considération…
– Je ne comprends pas comment font les autres pour supporter…
– Bon on est là pour se détendre. N’est-ce pas vivifiant cette balade au grand air ?
– Oui… Pourvu qu’on ne croise pas un enfant avec un ballon !
– Les vacances scolaires sont terminées ! Il n’y a personne ! Profite ! Respire !
– Et un gamin qui fait l’école buissonnière ? Ou un étudiant qui se promène entre deux cours ?
– Ecoute… Si un gosse avec un ballon se pointe, s’il shoote, quand il voudra récupérer sa balle, tu te refermes, je l’écrase avec mon panneau et je l’enfonce dans le sable. Ni vu, ni connu. Deal ?
– Deal!

Chez nous on la voit venir de très loin. Au coin de l’œil, un frémissement l’annonce. Les gamins de la plaine s’esquivent aux premiers signes de la ligne à l’horizon. Boucle sur sinus sur phase sur pulsation sur radians négatifs. Les circonvolutions de la ligne ne laissent aucun doute sur sa nature impossible. Elle voyage à dos de grain de sable, jusqu’aux littoraux d’acier et de béton, pour les couvrir de sa beauté tangente.

Finalement les trous c’est pas si mal.
Les trous dans la raquette, pour passer au travers des mailles du filet, les trous de mémoire où enfouir les plus mauvais souvenirs, ceux des dentelles des femmes pour rêver de ce qui s’y cache.
Ils laissent le vent passer pour éviter d’être renversé, nous laissent glisser un œil curieux ou indiscret là où on n’est pas convié.
Des trous pour respirer si on est enfermé, comme les petits rongeurs de l’animalerie dans leur boîte perforée.
Non, c’est pas si mal.