Jaisy

– Vous êtes sûre ?
– Absolument !
– Mais tout à l’heure, vous m’avez dit qu’il allait mal tourner !
– Avec les cartes de tarot et la boule de cristal, j’ai eu de drôles d’images, en effet… Vous savez, la divination, c’est avant tout une interprétation… Mais là, c’est incontestable ! Regardez le fond de la tasse…
– Ah oui, en effet, c’est un vélo… Donc, c’est ça son avenir ?
– Je suis formelle. Le marc de café ne ment jamais. Votre fils, a un avenir dans le vélo.
– Donc il ne finira pas drogué ?
– Il sera célèbre ! C’est un champion en devenir, je vous dis!
– C’est magnifique ! Je me faisais tant de souci pour mon petit Lance…
– Et bah voila ! Vous êtes rassurée ! Ca nous fait 500 dollars.
– Merci Madame Irma ! Je vous les donne de bon cœur ! Vous avez fait ma journée !
– Et vous la mienne ! Allez, à bientôt Madame Armstrong !

Après les déferlantes, on s’est oubliés
Passé les portes, on les a verrouillées
D’une grâce lente, on s’est détournés
Et peu importe qui a commencé
Oui, peu importe qui a commencé
Le dernier

On n’ira pas plus loin.
Mais c’est pas grave, on est bien là.
Avec un peu de chance tout un monde de petites mousses viendra m’envelopper pour me garder au chaud.
La rouille peut bien me brunir, , j’aime sa couleur, je suis sûr qu’elle m’ira à ravir.
Le limon moelleux est une douce couche, et le ciel mouvant au travers des remous de l’eau un plafond chatoyant.
Bon évidemment il y aura l’ennui.
Peut-être que j’aurai de la visite; quelques poissons faméliques réchappés des poisons qu’on nous balance à longueur de journée, sans doute les habituelles bouteilles vides des pochards du samedi soir…
Les chaussures orphelines, les trottinettes volées…
Si on pouvait m’épargner les désespérés qui sautent du pont ça m’arrangerait. On a beau être une ferraille, y a des limites.

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